Pascal et Port-Royal by Louis Marin

Pascal et Port-Royal by Louis Marin

Auteur:Louis Marin
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses universitaires de France
Publié: 1996-12-31T16:00:00+00:00


La simple variation d’un trait de la figure ainsi construite la mettra en mouvement, en état de fonctionnement, c’est-à-dire en procès de figurabilité : une variation ici négative, par soustraction, « s’il est sans divertissement »... Mais cette variation est elle-même négation de négation puisque le divertissement est défini comme ce qui empêche le roi « de considérer et de faire réflexions sur ce qu’il est ». Cette variation, ou plutôt le procès qu’elle provoque, aura pour effet la production du malheur d’être, dans le « plus beau poste du monde » lui-même, artefact figural construit fictivement par totalisation de tout l’« avoir » objectif et subjectif possible : « Le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets. » On notera que la production de cet effet de malheur n’est pas aléatoire ; elle est elle-même graduée et finalisée dans une série de virtualités ou de possibilités structuralement nécessaires dans les conditions de l’expérimentation sur le modèle du corps royal : langueur, menace, agonie, mort. L’analyse précise que cette série permettrait de parcourir les bords effectifs et les limites constitutives de la représentation du pouvoir d’état comme dispositif du monopole légitime de la violence, mais, en l’occurrence, réfléchie sur le sujet de représentation, le corps-de-pouvoir lui-même. La menace virtuelle ou réelle d’une mort elle-même possible ou réelle assure, en effet, aux signes qui mettent la violence « naturelie » en représentation sociale et politique, leur crédibilité coercitive et indirectement opère le renforcement légitimant de leur autorité à la surface ou dans les circonstances du corps-de-pouvoir : « C’est ainsi que nos rois n’ont pas cherché ces déguisements. Il ne se sont pas masqués d’habits extraordinaires pour paraître tels. Mais ils se font accompagner de gardes, de balafrés (?). Ces troupes armées qui n’ont de mains et de force que pour eux, les trompettes [...] font trembler les plus fermes... » (Id., 44, « Imagination »). Les gens de guerre dont la part est plus essentielle puisqu’ils s’établissent par la force sont en quelque façon le déguisement du corps royal ; la mort qu’ils détiennent en puissance par leur puissance, leur force réservée, « la mort est le masque du Roi » (cf Alfred Adler203). Les légions qui l’environnent, les quarante mille janissaires du Grand Seigneur en sont le sublime divertissement. Imaginer le corps-de-pouvoir par fictionnement de leur disparition, c’est en quelque sorte retourner son Masque, méduser la toute-puissance par la présentation négative de la violence originaire sur laquelle elle est fondée ; c’est réfléchir sur le corps-de-pouvoir sa propre essence extérieure, « comme les enfants qui s’effrayent du visage qu’ils ont barbouillé » (Id., 136, « Divertissement »).

Relire une fois encore : « Divertissement. La dignité royale n’est-elle pas assez grande d’elle-même pour celui qui la possède pour le rendre heureux par la seule vue de ce qu’il est ? [...] ne serait-ce donc pas faire tort à sa joie d’occuper son âme à penser à ajuster ses pas à la cadence d’un air, ou à



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.